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Et si nous parlions d'Amour?

Amour


Les Inuits ont une panoplie d’une cinquantaine de mots pour parler d’un sujet fortement présent dans leur quotidien : la neige. En français le terme Amour revêt une multitude de sens fort différents alors que la langue française est une langue riche de nuances. Cela veut-il dire que les français ne sont pas concernés par l’Amour dans leur quotidien ? Pourtant ils sont reconnus comme étant de grands séducteurs… A-t-on à faire à de la pudeur ou une volonté de flou linguistique permettant de laisser libre cours à une imagination fertile ? Peut-être sommes-nous confrontés à un refoulement culturel ou transgénérationnels qui nous amène à ne pas parler d’Amour ?


Le terme Amour se décline de différentes façons selon le sens qu’on lui donne :

  • l’Amour d’une mère ou d’un père pour son enfant

  • L’Amour passionné entre deux jeunes amants

  • L’Amour au quotidien dans un couple mature

  • L’Amour que l’on ressent pour un Dieu, une divinité… où tout autre personnage déifié.

  • L’Amour inconditionnel prôné par les grands maitres spirituels

Cette liste est loin d’être exhaustive. D’ailleurs on utilise le même mot pour définir l’acte sexuel.


Vous serez d’accord avec moi pour dire que ce terme est complexe. La profusion de sens associée à ce mot peut provoquer des incompréhensions, des interprétations voir des quiproquos.


On peut se poser la question de savoir si l’Amour est un sentiment ou une émotion. L’Emotion est une réponse physiologique à une situation. Le sentiment quant-à lui est un mélange de pensées et d’émotions qui perdurent après la disparition de l’origine de l’émotion. Nous pouvons associer le terme Amour à ces deux définitions : je suis en présence de cette personne et je ressens une grande bouffée d’Amour, et ensuite je me souviens de cette personne et j’éprouve de l’amour pour elle. Ce sentiment d’ailleurs peut aussi générer à postériori une émotion, un trouble que l’on peut ressentir corporellement.


Mais de quoi nous parle notre corps ? Est-ce une attirance physique qui nous ramène à notre sexualité ? Notre corps exprime-t-il simplement une réaction physiologique à une émotion qui parfois peut prendre une dimension incontrôlée (coup de foudre) ? Ou est-ce une dimension plus intellectuelle qui peut éventuellement nous ramener à notre spiritualité ?


Le terme Amour peut nous ramener à la notion d’être en lien avec quelqu’un : si j’aime quelqu’un, je suis en lien avec. Cela me rappelle aussi que j’appartiens à un groupe (ou un couple), que je suis reconnu par les autres, donc que je suis en vie. Aimer est une profonde pulsion de vie. Cette pulsion de vie nous ramène non seulement à notre sexualité, mais aussi à notre attachement et à l’autonomie qui en découle. Cela fait écho au stade du développement de l’enfant mis en évidence dans les travaux de Freud : le stade oral où l’enfant prend conscience de son identité en tant que personne, le stade anal où il prend conscience de son pouvoir sur l’autre, le stade de l’Œdipe qu’il doit résoudre pour construire son identité sexuelle et mettre en place les différents interdits (inceste, parricide…). Cela veut-il dire que l’Amour nous ramène à ces stades du développement de l’enfant ? En effet, tous les grands psys qu’ils soient issus du courant Freudien ou Junguien vous le diront.


Mais alors que se cache-t-il derrière ce sentiment d’amour ? Puisqu’il y a émotion, (parfois tellement forte qu’elle devient aveuglante), il y a de forte chance que l’on trouve derrière, des mécanismes de projection psychologique. Ne suis-je pas en train de mettre la tête de quelqu’un d’autre, Maman ou Papa par exemple, sur la tête de cette personne que j’aime et de revivre ainsi des situations du passé ? Ne suis-je pas en train de courir après le souvenir de cet amour initial, le premier que j’ai vécu ou pas... celui de Maman ? Peut-être même que cela nous entraine dans une quête d’idéal, le retour à cette complétude initiale vécue à la naissance. Bien sûr tout cela fait appel à des mécanismes inconscients.

On peut donc trouver de nombreux sens derrière ce terme d’amour alliant à la fois une pulsion sexuelle (issue peut être de cette pulsion de survie de l’espèce),mais aussi la recherche d’un idéal, nous permettant de toucher du doigt l’aspect absolu voir sacré de cette quête du Graal. Nous abordons par-là, la dimension spirituelle de l’Amour qui nous amène à aimer inconditionnellement un Dieu, un Maître spirituel, son prochain ou l’humanité toute entière. Elle nous ramène à un manque fondamental : cette sensation d’être séparé, croyance d’un Ego surpuissant, d’être incomplet.


Notre Ego est constitué d’une multitude de facettes, comme des costumes que nous enfilons inconsciemment pour répondre à ces illusions de manques : Manque d’amour, manque d’identité, manque de reconnaissance… Il s’est façonné au fil du temps, en réaction à notre environnement en mettant en place des réactions automatiques pour palier à ces manques mais aussi nous les rappeler insidieusement. Tout ceci est renforcé par un ensemble de règles à la fois personnelles, familiales et culturelles (sorte de « Parent Intérieur ») qui viennent filtrer, voir refouler plus ou moins nos pulsions inconscientes en leur interdisant de se manifester à notre conscience. La discordance entre notre personnalité profonde, nos valeurs intrinsèques et les différents costumes dont se pare notre Ego peut entrainer des conflits intérieurs engendrant fréquemment de la souffrance, voire parfois des tempêtes. Le disfonctionnement d’un « Parent Intérieur » surdimensionné peut augmenter les tensions internes entre nos zones conscientes et inconscientes (refoulement) pouvant conduire parfois à des pathologies de type névrotique. Pourtant notre personnalité ne se limite pas qu’à ces réactions impulsives nous sommes bien plus que cela. Prendre conscience de ces différents costumes peut nous permettre d’y voir plus clair dans notre psyché. Il est donc souhaitable de mettre de la lumière là où l’ombre règne. Mais attention à ne pas chercher en nous là où il y a déjà de la lumière, c’est dans notre ombre que tout se joue : comme pour cette personne qui cherche ses clés égarées sous un lampadaire à qui l’on demande où elle les a perdues et qui répond là-bas en montrant une zone non éclairée ! C’est en allant mettre de la lumière là où il n’y en a pas, que l’on va pouvoir prendre conscience de ses besoins profonds, identifier les fondements de ses croyances, détecter les scénarii qui se répètent, mieux comprendre ses réactions, prendre de la distance avec ses émotions pour devenir acteur de sa vie. C’est ainsi que l’on peut initier le processus d’unification de sa personnalité. C’est ce que Jung appelle le processus d’individuation : la construction de l’individu.


L’une des premières prises de conscience liée à ce processus est notre besoin d’amour. Et qui mieux que nous peut se charger de nous aimer. Si je prends conscience de qui je suis dans ma globalité, je vais pouvoir accepter de m’aimer. S’Aimer soi-même est la première étape pour aimer l’autre. Aimer de façon juste, sans ambiguïté, sans mettre de sens cachés derrière ces mots, sans projection inconsciente, sans quête d’idéal : juste ressentir en soi cette pulsion de vie et ce bonheur d’être en lien.

Quelles solutions s’offrent à nous pour remettre les choses à leur juste place et ne plus subir nos réactions inconscientes?


La première des étapes est de se reconnecter avec ses émotions et d’apaiser son mental. Nous pouvons le faire grâce à un travail personnel psychocorporel tel que la Sophrologie. En se mettant à l’écoute de ses sensations corporelles par des exercices simples, en retrouvant notre respiration profonde (la respiration ventrale, celle des bébés), nous pouvons remettre du calme dans nos pensées et retrouver en nous nos valeurs intrinsèques et nos motivations.


Une fois le calme retrouvé, le travail n’est pas fini pour autant car « chassez le naturel, il revient au galop ». Les scénarii du passé qui se sont mis en place inconsciemment nous rattrapent et nous voilà à nouveau en train de rejouer des scènes anciennes comme quand nous cherchions le sourire de Maman (signe d’Amour) ou la fierté de Papa (signe de reconnaissance). Il est donc nécessaire d’aller explorer par un travail de thérapie notre histoire et les croyances sur laquelle cette histoire s’est construite. Un travail de thérapie psychocorporelle telle que la Sophro-Analyse permet à la fois de revisiter son passé, et l’histoire de sa famille (psychogénéalogie) en élargissant son champ de vision mais aussi de décharger la charge émotionnelle associée aux blessures originelles et qui se sont engrammées dans le corps. Ainsi il devient possible de se découvrir et le cas échéant de se pardonner d’avoir construit sa vie avec une vision partielle et déformée de la réalité d’un moment. Il devient envisageable alors de s’aimer soi-même et donc de développer sa tolérance et son empathie pour les autres.


Grâce à ce travail personnel, il devient plus facile de mettre des mots justes sur ses ressentis, ses émotions, ses sentiments. Cela peut permettre d’éviter des confusions entre une pulsion sexuelle, une attirance, de l’amour… de ne plus chercher à se valoriser par l’image de l’autre… de ne plus faire porter à l’autre les relations avec nos parents ou de lui faire payer des situations dont il ne connait rien...de ne plus poursuivre la quête d’un idéal absolu qu’il soit dans la recherche de l’alter-ego (avec la quête du prince charmant ou de la princesse) ou dans la recherche d’appartenance et d’identité (avec la dévotion, extrémisme religieux, spirituel ou politique, secte, ascèse…). Tout cela doit permettre de ne plus être dupe de soi-même et de vivre simplement ses émotions et ses ressentis qu’ils soient agréables ou plus douloureux, de les accepter sans jugement, sans culpabilité, et de les vivre tout simplement à l’instant présent.


Alors Vivons et Aimons, simplement sans attendre en retour quelque contrepartie que ce soit. L’Amour ne peut être que gratuit, il est inconditionnel.

Pour conclure je vous invite à réfléchir sur cette phrase du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry :

« On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux »

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